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D.E.B.U. N'AURA JAMAIS QUE LES DEFAUTS DE SES QUALITES


Il faut cultiver son jardin
  • DEBU et sa vocation pédagogique

Pour cette mission, DEBU a choisi de se mettre à la portée du grand public en tablant sur les plus défavorisés.

Pédagogie ne signifie-t-elle pas se mettre à la portée du plus démuni pour l’amener progressivement vers une somme de savoirs fiables et durables ?

DEBU respecte ce principe de base, abonde dans les exemples, insiste sur les nuances qui s’imposent, martèle dans tous les sens.

L’éclectisme méthodologique dont il fait preuve est un choix délibéré. Tout enseignant digne de ce nom saura y reconnaître des points positifs, tant la répétition et la redondance n’ont jamais été l’ennemi juré de la pédagogie ; quant à la diversité de l’approche, c’est un atout non négligeable pour intéresser toutes les sensibilités.

DEBU a su écarter tout ce qui pouvait entraver l’acheminement individuel vers une pratique acceptable du français, laquelle aiderait l’apprenant à s’élever progressivement vers le correct et à s’installer dans une pratique confortable de cette langue.

DEBU ne se verra jamais désolé de ne pouvoir assouvir le fantasme du beau parler qui hante les nostalgiques de l’époque classique et tous ceux qui seraient tentés de réserver la maîtrise des langues étrangères à une minorité d’initiés.

A tous ceux qui croient que les connaissances grammaticales sont le gage d’un bon apprentissage au point de préférer les radicaux aux mots, DEBU les met en garde quant à un tel a priori.

Ceux qui ne jurent que par les racines se plantent littéralement !

Car si l’on devait ramener notre langue rien qu’à cela, nos échanges linguistiques seraient bien limités. Voici pourquoi DEBU n’a fait que se conformer à la réalité des faits dans toute sa complexité.

Démocratiser l’enseignement, DEBU y adhère de toutes ses forces et fait de son mieux pour rendre la langue qui en est le support privilégié accessible à tous. Aussi s’est-il choisi le parler usuel en affirmant hautement que ce qualificatif vaut pour le français comme pour le malgache dans l’élaboration de son corpus visant à asseoir un bilinguisme non conflictuel malgré les écarts civilisationnels.

Une raison majeure pour DEBU de ne pas se priver des équivalents socioculturels ayant la vertu de favoriser l'intercompréhension quand ils sont disponibles et avérés.

  • DEBU et le dialogue des cultures

 DEBU n’a pas la prétention de devenir un dictionnaire spécialisé à quelque titre que ce soit. Il ne faut surtout pas creuser l’écart socioculturel entre le malgache et le français !

DEBU se contente comme il se doit de plonger dans un univers francophone des plus authentiques l’apprenant malgache qui désire s’approprier la langue française.

Car à quoi cela servirait-il de parler un français qui ne sera jamais compris que par les Malgaches de Madagascar ? Même pas par nos compatriotes de la diaspora ?  … Encore moins par les Français natifs ?

Pratiquer une langue étrangère, c’est s’imprégner de ce qu’elle véhicule au quotidien avec tout ce que cela implique de particulier, donc de différent par rapport aux réalités malgaches.

DEBU a tenu néanmoins à asseoir l’approche de la langue française sur le vécu du malgachophone (en sont la preuve les illustrations typiquement malgaches) pour ménager l’entrée de ce dernier dans un autre univers, pour aller du connu vers l'inconnu. Mais, à aucun moment, il n’aurait sombré dans l’erreur grotesque d’une défense effrénée de la langue malgache qui n’est guère de circonstance.

On ne peut fonder la francophonie sur une guerre déclarée entre la langue maternelle et la langue cible, d’où la nécessité d’un réel dialogue des cultures.

Le locuteur malgache lambda, dans sa soif de parvenir à une acquisition saine et efficace du français, ne doit guère s’accrocher frénétiquement à son vécu de malgache profondément enraciné dans ses traditions. Il doit aller vers l’autre pour le comprendre en toute objectivité jusqu’à intégrer cet univers francophone qui lui est étranger.

DEBU ne peut que se féliciter de ce choix stratégique qui souligne un état d’esprit, condition sine qua none pour créer l’immersion propice à l’acquisition d’une langue, une immersion jusqu’ici réservée aux rares personnes qui pouvaient s’offrir le luxe d’un voyage à l’étranger (en l’occurrence en France).

L’auteur(e) de DEBU prendrait pour un compliment toute observation qui tendrait à lui reprocher d’être trop ancrée dans l’univers francophone parce qu’en ayant écrit ce dictionnaire d’éducation bilingue usuel malgache-français, elle s’est donnée pour objectif une langue cible qu’il ne faut jamais perdre de vue, qui est le français.

Elle dirait même que là où ça risque de clocher, c’est quand on se laisse aller à l’esprit de clocher ! ... Dans une entreprise pédagolinguistique aussi importante que DEBU, l’enjeu de la réussite est trop sérieux pour qu’on occulte la priorité d’un dictionnaire bilingue au service de la francophonie. Dans cette optique, la linguiste qu’est M. D.-R. ne peut se permettre d’oublier qu’en plus d’être scientifique, elle se doit d’être une femme de terrain aguerrie.

Qu’on se le dise ! (… plutôt qu’on se la raconte).

 

§         Que dire de DEBU

DEBU est le produit d’une démarche personnelle mûrement réfléchie. C’est un ouvrage concocté avec minutie et passion puisque son élaboration s’est tramée sur un fond de bénévolat quasiment total (pour l’auteur comme pour toute l’équipe qui l’a soutenue), le budget alloué ayant été réduit à des défraiements purement anecdotiques comparé aux enveloppes généralement allouées aux universitaires.

DEBU a été réalisé en un temps record (5 ans en tout du premier jet jusqu’au premier tirage en nombre d’exemplaires limités). DEBU a littéralement survécu aux intempéries, pour ainsi dire, grâce à la ténacité de son auteur(e) et de tous ceux qui ont cru en elle. Il a subi le cours des événements nationaux avant d’être mis, sous sa forme actuelle, dans les mains des usagers. Tout ceci, sans parler de la lenteur administrative légendaire (qui n’en a été que plus prononcée) puisque les tractations se sont faites auprès de 3 gouvernements successifs avant que les démarches officielles n’aboutissent.

§         Un mot de l’auteur(e)

Le champ d’investigation en matière de Lexicographie est tellement vaste que Madagascar qui n’est qu’à son balbutiement laisse encore à chacun de nous toutes les chances et tout le loisir de le doter d’une multitude de dictionnaires : dictionnaires des synonymes, des injures, de l’argot, etc. (comme il en existe en France), dictionnaires encyclopédiques, - dictionnaires des contes, que sais-je ? Il suffit de faire preuve d’un peu d’imagination …

En ce qui me concerne, je ne peux qu’encourager toutes les bonnes volontés à manifester leurs talents dans ce domaine pour l’avenir du pays. Il serait bien dommage que les moyens alloués et toute l’énergie dont chacun de nous dispose ne soient pas investis pour construire quand certains se donnent le temps de lire un dictionnaire comme si c’était un ouvrage autobiographique.

Entre nous, Madagascar ne pourra jamais profiter que des efforts accomplis par tous ceux qui ont laissé loin derrière eux le temps de la polémique.

Pour tout dire, DEBU est accueilli avec enthousiasme par beaucoup et je me réjouis de savoir qu’il l’est de surcroît à différents niveaux. Sans verser pour autant dans un triomphalisme, l’auteur que je suis apprécie sincèrement que cet ouvrage qui me tient à cœur ne pourra jamais avoir que les défauts de ses qualités.

Un leitmotiv(e) d'encouragement pour enseignants et apprenants :

Une langue s'acquiert à coups d'échanges et de partage,
c'est pour ça que les riches n'en ont pas l'apanage.

Mathilde DEVERCHIN-RAKOTOZAFY